Des actions concrètes pour la nature
Des idées pour Bruxelles
Sur base du travail et des réunions des partenaires du projet ‘Canal, corridor écologique’, mais aussi d’exemples d’aménagements dans d’autres villes qui ont décidé de renaturer la voie d’eau qui les traverse, parfois dans un espace très urbanisé (avec un plus indéniable pour le cadre de vie de leurs habitants), des idées émergent pour Bruxelles et son canal.
1. LE CANAL et SES RIVES
- Des îles flottantes
A certains endroits, le canal s’élargit, laissant entrevoir la possibilité d’y installer de petites îles flottantes avec de la végétation, sans que cela ne gêne la navigation. Avec des berges presqu’exclusivement en dur, cette solution permet de naturaliser quelque peu le lit de la voie d’eau. Ces îles ont tôt fait d’attirer des oiseaux, et les plantes (iris, massettes,...) qui s’y trouvent peuvent également avoir une action épurative sur les eaux.
Maison Wallonne de la Pêche >
Jardins flottants à Paris >
Radeau végétalisé à Paris >
- Des fascines végétalisées
Des fascines végétalisées se développant dans des paniers métalliques fixés sur les murs des berges permettent elles aussi de renaturaliser et d’embellir la voie d’eau, avec très peu d’emprise sur son lit. La ville de Liège, en partenariat avec la Maison wallonne de la pêche, a réalisé ces aménagements le long de la Dérivation et d’une darse (Meuse) dans le cadre d’un projet pilote. Les racines des plantes semi-aquatiques (iris, glycéries,...) de ces fascines sont par ailleurs propices au développement de la vie aquatique (larves, poissons,...).
Film >
Maison wallonne de la pêche >
- Des frayères artificielles
Le canal à Bruxelles est pauvre en zones de ponte pour les poissons. Outre les fascines végétalisées, des frayères artificielles peuvent être installées sous l’eau, attachées au mur de la berge. A Liège toujours, des cadres en inox sur lesquels sont fixées des lattes portant des brosses synthétiques ont ainsi été placés dans la darse (Meuse). Les poissons ont très vite et en nombre adopté ces nouvelles installations!
Maison wallonne de la pêche >
- Une renaturalisation partielle des berges
Au bassin de Batelage à Anderlecht, le canal s’élargit. Pourquoi ne pas y envisager une renaturalisation partielle des berges, comme elle a été réalisée un peu plus en amont et en aval de Bruxelles, le long du canal, en Région flamande? Ces aménagements (de deux types) permettent à une végétation variée de recoloniser les berges de la voie d’eau, et d’attirer oiseaux aquatiques, amphibiens...
Région flamande >
Projet à Gand >
- Les fauches tardives
Lorsque la végétation peut encore se développer sur les berges et les rives, les fauches tardives permettent à toute une série de plantes de fleurir et ainsi de colorer les abords du canal, tout en attirant quantités de butineurs (papillons, abeilles,...). Ce fauchage tardif se pratique déjà en de nombreux endroits à Bruxelles. Il serait souhaitable de l’envisager pour toutes les berges et rives du canal où l’herbe est encore présente.
Musée du Tram (Bruxelles) >
Action aux Pays-Bas >
- La plantation de haies, de rangées d’arbres ou d’arbustes
En plusieurs endroits (quai des Péniches, quai du Hainaut,...) dans l’espace public, les rives bruxelloises du canal manquent cruellement de verdure. La plantation de haies, de rangées d’arbres ou d’arbustes indigènes,... permettrait de reverdir ces lieux à l’atmosphère très minérale. Une amélioration certaine pour le cadre de vie des habitants, ou le bleu de l’eau se conjuguerait au vert des feuillages.
Projet à Lille (France) >
- Des espaces pour les piétons et cyclistes
Les espaces des rives du canal pourraient être d’avantage consacrés aux piétons et cyclistes. A Bruxelles, le Plan canal et l’Itinéraire cyclable régional Canal vont dans cette direction.
Journal de la Senne >
Exemple à Pontivy (France) >
- La Bergeronnette des ruisseaux
De nombreux ponts jalonnent le canal à Bruxelles. Ces ouvrages d’art peuvent être des lieux de nidification propices à la Bergeronnette des ruisseaux, surtout quand elle y trouve des cavités, poutres métalliques, culées, ou encore crevasses. Quand celles-ci manquent, des aménagements assez simples peuvent être envisagés comme le placement d’un nichoir.
Exemple à Court-Saint-Etienne >
- Un passage à faune
Le canal peut être un obstacle pour les déplacements de certaines populations sauvages, entre deux zones vertes. L’installation d’un passage à faune pour les petits mammifères, en profitant de l’infrastructure d’un pont (à Anderlecht par exemple), permettrait de relier à nouveau celles-ci.
Plus d'info >
- Une échelle ou passe à poisson
Le voûtement de la Senne sur 9km rend difficile la progression des poissons de l’amont vers l’aval, et inversement. Sur le canal, les écluses de Molenbeek et d’Anderlecht constituent également un obstacle. Un aménagement comme une échelle ou passe à poisson n’y serait-il pas envisageable?
Plus d'info >
- Des 'échappatoires'
De petits plans inclinés ou ‘échappatoires’ aideraient certains oiseaux d’eau à accéder ou quitter plus facilement le canal, dont les berges verticales sont parfois très hautes.
- Des panneaux d’information
A des endroits clés du canal, des panneaux d’information mettant en valeur la biodiversité propre au canal pourraient être installés. Pensons par exemple à la héronnière du Domaine Royal de Laeken, aux oiseaux d’eau du bassin du Batelage, aux Cigognes au nord de Bruxelles, aux poissons ou encore aux zones de fauches tardives.
2. DES BATIMENTS VIVANTS
- Les toitures vertes
Dans des zones densément construites, les toitures vertes peuvent palier quelque peu le manque d’espaces verts et ainsi contribuer à la biodiversité. Le long du canal, plusieurs bâtiments ont une toiture plate, susceptible d’accueillir ce type d’aménagement.
Guide du Bâtiment Durable >
Greenroof.eu >
- Des murs végétalisés
Dans la zone du canal, de nombreux bâtiments possèdent un mur de dimension importante, avec peu de fenêtres. Ceux-ci pourraient servir de support pour diverses plantes grimpantes comme le lierre ou la clématite, devenant ainsi de véritables murs végétalisés. En plus d’embellir un quartier, ces murs ont tôt fait d’attirer abeilles, passereaux et papillons.
Pourquoi végétaliser >
- Le Martinet noir, l’Hirondelle des fenêtres, le Rouge queue et la Chauve-souris
Le Martinet noir, l’Hirondelle des fenêtres, le Rouge queue et la Chauve-souris sont bien présents le long du canal. Cependant, la disparition de leur lieu de nidification sur les bâtiments (au niveau des corniches par exemple) peut menacer leur existence. Des aménagements existent pour favoriser leur maintien.
Blog SOS martinets (Belgique) >
Guide du Bâtiment Durable >
3. NATURE, ENTREPRISES et INDUSTRIES
Les industries (et entreprises) et la nature dans la zone du canal peuvent être compatibles et se renforcer. Sur leurs domaines, une nature riche peut se développer et devenir un maillon de ce corridor écologique (inter)régional.
- Une gestion favorable à la biodiversité
Des entreprises et autres collectivités ayant des zones vertes, inspirés par les collaborations réussies avec Solvay et Aquiris, pourraient les rejoindre en s’engageant dans une gestion favorable à la biodiversité sur leurs parcelles.
Guide du Bâtiment Durable >
- La récupération et la valorisation des eaux de pluie
De nouvelles zones humides (pièces d’eau, mares, noues, jardin de pluie) favorables à la biodiversité pourraient être alimentées grâce à la récupération des eaux de pluie. Cela permettrait par ailleurs de limiter les débordements des égouts dans le canal. L’aménagement de parkings au revêtement perméable, laissant l’eau de pluie s’infiltrer, contribuerait lui aussi à cette gestion locale des eaux de pluie, qui permet de restaurer quelque peu le cycle naturel de l’eau.
Guide du Bâtiment Durable >
- Friches: préserver ou aménager des biotopes
Ces dernières années, des espèces particulières comme le Petit Gravelot ou le Vanneau huppé ont élu domicile sur des friches (Marly, Esso,...) bordant le canal, où des biotopes divers ont pu se constituer. Sur ces terrains à l’abandon, de petites interventions (fauches,...) permettraient de préserver ou d’aménager ces biotopes, afin de maintenir les espèces qui s’y sont établies. En cas de construction, des habitats compensatoires devraient être envisagés pour éviter leur disparition.
- Vers la gare du Midi, une zone intéressante
La zone industrielle qui s’étend au sud de la gare du Midi, à la frontière avec Forest et Anderlecht, recèle du potentiel. Les berges et rives de le Senne qui la traverse, les accotements des voies de chemins de fer et des zones sèches en friche forment un potentiel écologique et paysager très intéressant, qui pourrait être valorisé et amélioré.
- L’Hirondelle de rivage
L’Hirondelle de rivage, oiseau intimement lié à la présence de l’eau, nichant en colonie dans les parois meubles (sable, argile,...) des rives, n’a été aperçue qu’à de rares occasions sur le territoire du canal. En accord avec un marchand de matériaux (sable,...) du canal, un tas de sable bien aménagé pourrait réussir à attirer cet oiseau opportuniste, le long de la voie d’eau qui favorise ses déplacements et où il trouve de quoi manger.
Film >
Exemples d’aménagements >
- Le Plan Cigogne
L’installation de nouvelles plateformes de nidification au nord de Bruxelles, dans le cadre du Plan Cigogne, permettrait peut-être d’attirer plus sûrement cet échassier emblématique sur le territoire de Bruxelles. La gestion écologique de grandes parcelles voisines (Solvay, Aquiris), en attirant insectes, lézards, mollusques ou encore rongeurs dont elle se nourrit, lui sera également bénéfique.
Plus d'info >
- Le Lézard des murailles
Le Lézard des murailles est présent en nombre dans les environs du pont Buda. Le gros de la colonie se concentre au niveau d’un vieux mur en béton bordant la friche Exxon, mur qui à terme risque de disparaître. L’installation de tas de pierres offrirait une solution facile pour maintenir et favoriser la colonie de Lézards des murailles à cet endroit.
4. LA SENNE
- Le berges de la Senne
Le berges de la Senne, en amont à Anderlecht et en aval vers Vilvorde pourraient devenir plus favorables à la biodiversité, en reprofilant leurs pentes et en y installant des plantes typiques des milieux humides, comme l’Iris des marais, symbole de notre région. Bruxelles Environnement y travaille déjà!
La Senne à Anderlecht >
La Senne vers Vilvorde >
- La dérivation de la Senne
Le long de la dérivation de la Senne à Anderlecht, des aménagements favorables à la biodiversité (nichoirs, hôtels à insecte, mangeoires, bois mort, pierres sèches, plantations de plantes semi-aquatiques,...) sont envisageables. A l’occasion de promenades éducatives, cela permettrait également d’aborder le thème de la biodiversité dans ce lieu qui de par la présence de la Senne et du canal dispose de qualités intrinsèques pour l’éducation à l’environnement.
- Le site du Zuun à Anderlecht
La zone reliant le canal et la réserve naturelle du Vogelzangbeek (un affluent de la Senne) à Anderlecht possède un potentiel de corridor écologique qui peut être amélioré. Bruxelles Environnement réfléchit aux aménagements possibles pour aller dans ce sens.
- Des eaux de source à valoriser (NOH)
Le long du canal à Neder-Over-Heembeek, l’eau de plusieurs sources (aux anciennes brasseries Meudon, …) se jette dans les égouts. La reconnexion de ces eaux dans le cycle naturel et leur mise en valeur paysagère serait souhaitable.